samedi 6 février 2010

Chantiers : Angela Laurier, "J'aimerais pouvoir rire"

Angela Laurier vient au week-end chantier précédée par sa réputation. Les gradins de la salle du hangar sont bondés pour le chantier de son prochain spectacle "J'aimerais pouvoir rire", présenté fin mars aux Subsistances et début février à Paris.
Certains sont revenus, marqués par son premier spectacle très personnel et intense, "Déversoir", qu'elle avait joué l'année dernière aux Subsistances. D'autres ont entendus parler d'elle, sont venus intrigués et découvrent, avec parfois de très grosses claques. C'est quelque chose qui revient souvent dans l'échange qui suit la présentation : "Je n'avais jamais vu vos spectacles, mais j'ai été extremement touché" ou "Je ne connais pas votre travail précédent, mais c'était magnifique".

Angela présente trois scènes de ce spectacle, centré autour de son histoire familiale assez dure et tout particulièrement la relation entre elle et son frère, diagnostiqué schozophrène. Celui-ci, qui faisait une courte apparition sur scène dans son spectacle précédent, est ici un partenaire à part égale d'Angela, qui danse, peint, témoigne.
La première scène les voit danser, se poursuivre, s'épauler, s'interpeller mutuellement, se forcer à bouger face à l'inertie. La deuxième est un jeu entre la caméra et le corps contorsionné d'Angela, formant une image abstraite, organique et sous tension sur l'écran. Dans la troisième, sur le récit audio d'une de ses hallucinations, son frère peint Angela sous les traits d'un ange, alors qu'elle meme s'échappe de l'image en train d'être formée.

Durant l'échange avec les spectateurs, Angela dit son envie de se rapprocher de la danse, de s'éloigner de la contorsion pure, de la technique, qui était plus présente dans le précédent spectacle. Pour elle la contorsion est problématique, un exutoire mais aussi une sorte de nécessité assez pesante dont elle cherche à se dégager.

Elle explique aussi qu'elle cherche à moins écrire et plus improviser. La première scène présentée est ainsi en très grande partie improvisée, à partir des résultats d'autres improvisations et de recherches.
 Contrairement à Déversoir, elle ajoute également un accompagnement musical en direct, avec des musiciens cachés qui eux-aussi improvisent, rajoutant une autre dimension d'imprévu qui peut faire réagir les artistes.


Quand on lui demande la raison du titre de son oeuvre, elle répond :
"C'était une phrase que disait tout le temps notre père. Quand on racontait une histoire drole à table et que tout le monde riait, lui il disait "ah... j'aimerais pouvoir rire"..."

A la sortie de la salle les réactions sont plus contrastées que pendant l'échange. Certains ont la sensation d'être passés à côté du bout de spectacle car ils ne connaissaient pas l'histoire d'Angela, à ola base du spectacle, ou ses autres travaux. "J'ai regretté après coup de pas avoir su, je pense que ca aurait fait une différence sur mon expérience. Mais j'admire beaucoup sa technique." D'autres ont trouvé le sujet trop intense et personnel à leur goût. Mais nombreux sont ceux qui ont été nouvellement conquis par Angela, et reviendrons lors du week-end Ca Tchatche pour voir l'oeuvre achevée.

Quelques réactions Post-it du public:

"Chouette scénographie"

"Pourquoi les chaises ? J'ai eu envie de voir les visages, les corps (purs?)  dénudés de tou objet. Les "improvisations" auraient pu être plus poussées, assumées par les partenaires. La représentation de la folie (pour résumer) reste encore à construire même si tout n'est que chantier"

"Tu as une belle présence sur scène. J'ai bien aimé la partie avec la peinture. J'ai moins aimé la première partie. Merci, bonne continuation"

"Belle présence, envie de plus de technique de contorsion, Belle lumière dans le dernier tableau et parfois choquée par le coté démonstratif"

"Sortir de soi,
pour mieux se retrouver libérée, au dessus."

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