samedi 6 février 2010

Générale de KAWAÏ HENTAÏ / Cie L'envers du décor

Moins de deux semaines après le chantier que nous avions pu voir, nous avions rendez-vous avec l'univers de Karelle Prugnaud et la Cie L'envers du décor // Jeudi 4 Février : Générale de Kawaï Hentaï ! //

Tout d'abord : chapeau bas les artistes pour le travail réalisé en si peu de temps, tant au niveau du spectacle en lui même mais aussi pour les costumes, la scénographie, les décors... bref, c'est bluffant!

Et sinon, BRAVO, l'univers, les détails, les textes sont très très bien travaillés ! Le principe du spectacle déambulatoire est très judicieux. Il est utilisé à très bon escient et il permet beaucoup de choses.

Que dire de plus ?! JUBILATOIRE, FANTASMATIQUE et complètement DÉBRIDÉ...! Une très bonne découverte.

Merci...!

Chantier de KAWAÏ HENTAÏ / Cie L'envers du décor

// Samedi 23 janvier // 18H30 // Accueil des Subsistances //

Malgré le froid, les gens sont au rendez-vous... L'accueil des Subsistances est remplie, animée, vivante ! Il faut dire que le programme est plutôt alléchant : pendant une petite heure nous allons nous immiscer dans l'univers complètement hybride de Karelle Prugnaud et la Cie L'envers du décor...

Pendant 15 min, Karelle Prugnaud nous présente son travail, nous (re)dis 10 fois que le spectacle est encore loin d'être fini et que ce que nous allons voir n'a pas encore pris sa forme définitive...  Le spectacle met en scène toute l'ambiguïté qui existe dans les personnages de manga et surtout dans la pratique des gens qui en font leur raison de vivre, leurs fantasmes, leur refus de la réalité, de la vieillesse parfois... Elle nous promet du "trash", du cru, du vrai...Voilà c'est dit !
A la fois charmés, intrigués et déstabilisés par cette explication, nous sortons  à la découverte de leur travail....

La suite ?! Un nounours rose suspendu au-dessus d'une "future-pseudo-baignoire", des câlins, une ambiance bonne enfant... une plongée dans un univers très riche et complètement sur-réaliste (en tout cas pour moi...)


Et après ?! Nous suivons Karelle Prugnaud jusqu'au plateau 2. (Re)-plongée dans cet univers débridé... De la musique, 4 comédiens futurs-pseudo-poupées... 

Bref une heure très riche et totalement unique passée avec eux et une demi-heure à ressortir de l'ambiance avec la certitude d'aller voir le spectacle quand il sera fini...!



Chantiers : Angela Laurier, "J'aimerais pouvoir rire"

Angela Laurier vient au week-end chantier précédée par sa réputation. Les gradins de la salle du hangar sont bondés pour le chantier de son prochain spectacle "J'aimerais pouvoir rire", présenté fin mars aux Subsistances et début février à Paris.
Certains sont revenus, marqués par son premier spectacle très personnel et intense, "Déversoir", qu'elle avait joué l'année dernière aux Subsistances. D'autres ont entendus parler d'elle, sont venus intrigués et découvrent, avec parfois de très grosses claques. C'est quelque chose qui revient souvent dans l'échange qui suit la présentation : "Je n'avais jamais vu vos spectacles, mais j'ai été extremement touché" ou "Je ne connais pas votre travail précédent, mais c'était magnifique".

Angela présente trois scènes de ce spectacle, centré autour de son histoire familiale assez dure et tout particulièrement la relation entre elle et son frère, diagnostiqué schozophrène. Celui-ci, qui faisait une courte apparition sur scène dans son spectacle précédent, est ici un partenaire à part égale d'Angela, qui danse, peint, témoigne.
La première scène les voit danser, se poursuivre, s'épauler, s'interpeller mutuellement, se forcer à bouger face à l'inertie. La deuxième est un jeu entre la caméra et le corps contorsionné d'Angela, formant une image abstraite, organique et sous tension sur l'écran. Dans la troisième, sur le récit audio d'une de ses hallucinations, son frère peint Angela sous les traits d'un ange, alors qu'elle meme s'échappe de l'image en train d'être formée.

Durant l'échange avec les spectateurs, Angela dit son envie de se rapprocher de la danse, de s'éloigner de la contorsion pure, de la technique, qui était plus présente dans le précédent spectacle. Pour elle la contorsion est problématique, un exutoire mais aussi une sorte de nécessité assez pesante dont elle cherche à se dégager.

Elle explique aussi qu'elle cherche à moins écrire et plus improviser. La première scène présentée est ainsi en très grande partie improvisée, à partir des résultats d'autres improvisations et de recherches.
 Contrairement à Déversoir, elle ajoute également un accompagnement musical en direct, avec des musiciens cachés qui eux-aussi improvisent, rajoutant une autre dimension d'imprévu qui peut faire réagir les artistes.


Quand on lui demande la raison du titre de son oeuvre, elle répond :
"C'était une phrase que disait tout le temps notre père. Quand on racontait une histoire drole à table et que tout le monde riait, lui il disait "ah... j'aimerais pouvoir rire"..."

A la sortie de la salle les réactions sont plus contrastées que pendant l'échange. Certains ont la sensation d'être passés à côté du bout de spectacle car ils ne connaissaient pas l'histoire d'Angela, à ola base du spectacle, ou ses autres travaux. "J'ai regretté après coup de pas avoir su, je pense que ca aurait fait une différence sur mon expérience. Mais j'admire beaucoup sa technique." D'autres ont trouvé le sujet trop intense et personnel à leur goût. Mais nombreux sont ceux qui ont été nouvellement conquis par Angela, et reviendrons lors du week-end Ca Tchatche pour voir l'oeuvre achevée.

Quelques réactions Post-it du public:

"Chouette scénographie"

"Pourquoi les chaises ? J'ai eu envie de voir les visages, les corps (purs?)  dénudés de tou objet. Les "improvisations" auraient pu être plus poussées, assumées par les partenaires. La représentation de la folie (pour résumer) reste encore à construire même si tout n'est que chantier"

"Tu as une belle présence sur scène. J'ai bien aimé la partie avec la peinture. J'ai moins aimé la première partie. Merci, bonne continuation"

"Belle présence, envie de plus de technique de contorsion, Belle lumière dans le dernier tableau et parfois choquée par le coté démonstratif"

"Sortir de soi,
pour mieux se retrouver libérée, au dessus."

Chantiers : compagnie 2 rien Merci

Le samedi 23 janvier, rendez-vous sous une yourte pour découvrir le travail en cours de la compagnie de cirque forain 2 rien Merci : à l'intérieur, ambiance tamisée autour du "Moulinoscope", sorte de projecteur vieillot. Des images d'escargots, de forains, le tout en musique : sans tout vous révéler avant l'heure, il est sûr que la compagnie qui sera en résidence en juin aux Subsistances compose une atmosphère aux tons sépias pour une création qui laisse rêveur...

Paroles de Post-it... (extrait) REPUBLIQUE LA LIBRE (EN PARTIE BRISEE)

- Tout est surprenant !
Le spectacle, l'idée : étonnant, incroyable d'utiliser un immeuble ? 
On était dedans ! On suivait les comédiens 
Ça donne envie de revenir !
 
- Cette pièce était très intéressante ! Elle montre une autre vie dans un univers fantastique avec une philosophie particulière : passionnant ? Fantastique !

- Un voyage au pays du chelou ! 
Transportée ailleurs ... 
Très très bien 
Un peu Alice au pays des merveilles
 
-J'ai adoré le début dans les sous-sols et l'immeuble même si les mannequins me faisaient peur, mais à cause du froid je n'ai pas pu apprécier le dehors.

- VOUS SAVEZ…MOI AUSSI JE SUIS SPARNASSIEN !!
Je suis d'Épernay !!
Les habitants d’Epernay sont des SPARNASSIENS !

mercredi 27 janvier 2010

" Si on invente des langages, on invente un spectacle? " Cie blOffique, 19/01

Avec les Subsistances, les Gens de Parole ont pu attaquer 2010 de manière inhabituelle : le spectacle du mardi 19 janvier où nous étions présents s’est passé… au 13, rue des 3 rois à la Guillotière.

« République la libre (en partie brisée) »
, mis en scène par Magali Chabroud et avec sa compagnie le blOffique Théâtre, fait en effet déambuler le public dans les garages, couloirs, ascenseurs, cours d’immeubles enrichis d’installations plastiques.  Des acteurs entraînent les spectateurs à leur suite, divisent le groupe, le rassemblent, chuchotent, chantent, inventent leur propre langage, comme un peuple parallèle entre les murs de nos habitations.





Investir des lieux communs semble être particulier à Magali Chabroud, et c’est dans le hall, autour d’un thé, que nous avons pu ensuite la questionner…


D‘ailleurs, pourquoi travailler en immeuble?
Magali nous explique : « d’abord le rapport au texte [celui-ci est un montage de différents auteurs dont Henri Michaux, Raymond Devos, Henri Anton Müller…] : il s’agit d’art brut. L’immeuble est aussi la métaphore d’une ville, un lieu-repère. »

Et pourquoi ces images de nuages, projetées dans les sous-sols, posés dans l‘herbe?

Plusieurs réponses existent là aussi : il s’agit à la fois de faire perdre ses repères au spectateur en ouvrant des fausses perspectives; mais ces visuels de ciel sont aussi des éléments apaisants face aux textes parfois durs à entendre. Ce sont des contrepoints qui ne posent pas question. Enfin, ils permettent de donner une image sympathique vis-à-vis des habitants de l‘immeuble : un moyen efficace de rencontre, d’accroche!

A ce propos, que déclenche l’arrivée des artistes dans l’immeuble?

« C’est une réelle aventure… sans ça, pas de spectacle! »
Magali nous confie que pour cet immeuble, où les représentations ont lieu en janvier, le repérage a été fait en septembre… environ 3 mois sont donc nécessaires à la mise en place du spectacle (en précisant quand même que la compagnie travaille depuis quelques temps déjà dans le quartier). Les repérages et prises de mesures avec la scénographe se font… cachés!

Au niveau des relations avec les voisins, la metteuse en scène nous l’affirme : il n’y a pas une volonté de rapport pédagogique. Quand on lui demande s’il y a des retours, après le spectacle, de la part des habitants, elle nous répond que non, faute de moyens. Cela reste une frustration, aussi car souvent à la fin des spectacles, même le public part directement, le lieu n’étant pas dédié à la représentation.
Peut-être cela laisse-il un goût d’inachevé, mais Magali le dit aussi : « d’une certaine façon ça me regarde pas, ce n’est pas mon métier ».
Faire du théâtre en immeuble serait alors « plus une sorte d’aventure pour les spectateurs qu’une révolution sociale ».

Une petite révolution de quartier alors… car une semaine avant le début des représentations, les « préambules » désarticulent déjà les alentours de l’immeuble:  panneaux routiers dans le mauvais sens, installations plastiques, détournements d’objets, distributions de cartes postales… Une sorte de jeu de piste qui annonce la couleur! Au bout de 4 jours, un gros affichage est mis en place et la compagnie fait du porte-à-porte.

L ‘équipe a-t-elle déjà du faire face à des refus?
La metteuse en scène nous explique que c’est quasiment impossible : quand la compagnie arrive, elle déjà en accord avec les propriétaires : les voisins ne peuvent donc rien interdire … « mais peuvent tout casser! »
Il s’agit donc là pour la compagnie blOffique d’un « vrai défi », car celle-ci s’expose constamment.
Travailler hors-les-murs, Magali Chabroud l’avoue, c’est pour elle « une sorte de spécialité ». Mais quand bien même « c’est une nécessité d’aller voir ailleurs que dans les théâtres », cela reste très compliqué (pour ne pas dire, « c’est le merdier !») : les conditions de travail sont dures,  l’équipe est mise en fragilité en permanence, et reste exposée sans arrêt (encore plus, par exemple, que dans le théâtre de rue où sont délimitées des zones de travail).
Mais il reste très important de montrer ce genre de culture, notamment à ceux qui aident à son financement (le projet étant très subventionné, à la fois par des branches du ministère de la culture et par la ville).

Dans un tel projet contextuel, comment s’adapter différemment à chaque fois?
En effet, le rythme du spectacle est donné par le bâtiment qui l’accueille. Le montage de texte aujourd’hui ne bouge presque plus, se redécoupe un peu mais la matière reste. Certains « trucs » se retrouvent toujours aussi : un prologue dehors, certains passages ensemble, des dispersions à des moments donnés, la prise d’ascenseurs.


C’est un spectacle toujours sur le fil : « ça vit »!

mardi 26 janvier 2010

11/12/09 : de l'anthropologie, de la danse et de l'italien

Le 11 décembre 2oo9, les gens de parole ont pu rencontrer Anne Décoret, anthropologue de la danse, avant de participer à son atelier « échauffement du spectateur » puis de voir le spectacle « La Natura Delle Cose » de la compagnie Virgilio Sieni.

Retour sur l’échange…

















 Et tout d’abord, qu’est-ce qu’une « anthropologue de la danse »?
Anne explique : « ce n’est pas un métier au sens propre: plutôt qu’un poste, c’est une posture. »
Une posture qui combinerait alors ses deux passions :
« L’anthropologie est la science de l’altérité, de la diversité culturelle, une manière de s’intéresser à l’être humain… Car il n’existe qu’une catégorie : l’être humain. Son propre est d’inventer des différences.
Je suis spécialiste de la danse, dans laquelle il n’y a aucune hiérarchie : tout est intéressant.
Mon questionnement est celui-là : comment au quotidien faire avec cette diversité culturelle? »

Pour y répondre, Anne cumule plusieurs activités : « Je suis formatrice, enseignante, dans plusieurs domaines (connaissance de la danse, histoire chorégraphique…) et pour tous les publics. »



Elle est aussi l’inventrice des ateliers «échauffement du spectateur» : ceux-ci sont proposés au public avant un spectacle donné et lui permettent, entre autres, d‘aborder quelques notions de danse propres a la représentation qui suit. A mi-chemin entre le cours de danse, l‘échauffement de théâtre et la rencontre avec des inconnus, cela est sans contexte une expérience unique!

D’où est venue à Anne cette idée?
« Les échauffements du spectateur sont nés du constat qu’en séminaires ou autres, quelqu’un a toujours la posture du savoir. Ici le spectateur peut participer, il s’agit d’un réel éveil. »
En plus de cette volonté de modifier le rapport habituel au savoir, Anne s’intéresse au phénomène des « neurones miroirs »  : découvert en 1992, il s’agit du fait que quand quelqu’un fait quelque chose, celui qui le regarde a   des neurones qui s’activent…
Regarder un spectacle n’est donc pas une activité passive, et c’est grâce aux ateliers du spectateur que le public peut, lui aussi, s’exprimer.


Pour y avoir participé ce soir là, certains gens de parole pourront vous l’affirmer : c’est bien un moment unique que nous avons vécu là avec Anne Décoret. Elle a notamment fait aborder au groupe les notions de jeunesse, vieillesse, de rapport à l’autre… avec le corps.
Plus tard dans le Hangar des Subs, ce sont des éléments que nous avons pu retrouver dans « La Natura Delle Cose », comme des clins d’œil à notre propre expérience.